OOGUI

Suite au départ prématuré de notre cher Vinz dans d’autres cieux, le groupe a arrêté son activité. Peut-être renaîtra-t-il sous une autre forme plus tard…

DISCO DÉGLINGUE IMPROVISÉE… OU PAS

Florence Melnotte: Piano, Synthé & Kaossilator

Vinz Vonlanthen: Guitare électrique & effets

Sylvain Fournier: Batterie & bruitages

1er cd “TRAVOLTAZUKI” sur LEO RECORDS   

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OOGUI “Travoltazuki” Leo Records, 2019 (durée : 53:51)

Le nom mystérieux du trio devient plus compréhensible lorsqu’on apprend qu’un de ses membres est le guitariste suisse Vinz Vonlanthen (1959), qui est loin d’être un nouveau venu chez Leo Records (voir par exemple CD “Oeil”, 2004, Silo, 2012, etc.). La pianiste et claviériste Florence Melnotte et le batteur et percussionniste Sylvain Fournier marchandent avec lui les douze émeutes d’un album au titre tout aussi curieux de “Travoltazuki”, enregistré en septembre 2017 au studio genevois Xyleme.

Je ne veux pas suggérer que le disque connaît les dislocations irréversibles suggérées par l’amballage de l’album et le leurre du label (qu’il oscille soi-disant ici du disco à l’horizontalité infinie), mais dès le tumulte initial du piano et des percussions et le matraquage des guitares, on assiste à une excitation chaotique, à une enflure scatologique (!) avec interjections de confusion et à une post-vocalisation fracassante et tapageuse chaque fois recommencée. 

Cependant, loin d’être simplement approximatif ou blessé, souligné par des clauses, chaque thème est traité avec une agitation différente, tantôt avec une explosion houblonnée, tantôt avec un émerveillement confus, tantôt avec une répétitivité recherchée ou avec une évasivité chancelante.

Tout cela est servi par poignées à peu près palpables, avec un essaim de panique. C’est réfléchi mais pas réfléchi, les voix contaminées par les percussions sont esquissées, l’esquisse hargneuse des plis peut être frémissante ou stridente, mais vous pouvez parier que (presque) chaque précarité bancale sera suivie d’un cri strident et, après une distanciation hargneuse, d’une jouissance mordorée. De temps en temps, il y aura une humeur compulsive ou un clinquant, mais il ne s’agit pas d’une surutilisation du chaudron bouillant, son ébullition sera bientôt dépassée par un charabia suprême ou une translucidité rétrograde, voire une réflexion après coup inattendue, virant vers le poignant. 

Ne vous fiez donc pas à la couverture ajustée à la pop, le contenu est loin de l’être, il est plus laboratoire et plus épuisé, et vous n’aurez d’autre choix que de le suivre.

(traduit du tchèque..!)

Z. K. Slabý KULTURNI MAGAZIN – 6/2019 (Tchèquie)

Depuis son solo “[Oeil]” (2005), j’ai trouvé Vinz Vonlanthen en nouvelle compagnie à chaque réécoute : sur “VLL678” (2010) avec Antoine Lang & Rodolphe Loubatière, sur “Silo” (2012) avec Christophe Berthet & Cyril Bondi, en VIP avec Pierre Audédat dans une zone de breakbeat plunderphoniques et de déconstructions de samples (BA 96). Travoltazuki (LR 861) est déjà marqué par son apparence de fake et de fun, pour lequel Vonlanthen unit sa science de la guitare avec les touches de Florence Melnotte et la rythmique de Sylvain Fournier pour former OOGUI. La Française, qui utilise également le piano et le kaossilator, s’est distinguée avec Four Roses, avec Les Mystères De L’Ouest et en solo sur “Whynotmelnotte”. A La Foire, outre Jacques Siron, Fournier est déjà le troisième tambour, un touche-à-tout qui couvre tout l’ABC à Genève, de Fanfare Funk avec Schlips à des explorations Orientales avec ZZHR, en passant par des compositions personnelles avec Ernest Platini et de la Western Spaghetti Music avec Les Cow-Bows. Les trucs avec OOgui passent entre les deux comme un dingo disco-impro, et ils dansent ‘Mupulupu’ ou ‘Shitimogo’ au son de Melnotte. Fournier vous aide à faire le ‘saut’ ou vous guide à travers le tourbillon rapide de ‘La Baignoire de Claude’, Vonlanthen vous fait vibrer sur ‘Night Fever’ et ‘Réminiscence Acid Dance Floor’. Entre les deux, ils concoctent collectivement des petites choses comme ‘Fournibus’, ‘Melnottika’ ou ‘Grugenbulles’ avec ses cascades de claviers et ses sonorités plink. 

Pour ce qui est de la danse, c’est une autre histoire, car à côté de riffs qui pourraient faire tourner n’importe quel idiot sur un dancefloor, les trois font rapidement tourner la straightness contre le mur et font un pied de nez aux conventions du rock ainsi qu’aux astuces courantes du jazz, en sifflant et avec des effets ambigus. Lorsque la flèche du temps fait du surplace ou se dégonfle comme des nouilles trop cuites, lorsque le drive stagne ou s’éparpille de manière fractale. Mais il reste assez de sucre pour les singes bizarres, assez de frissons qui font tressaillir les membres. Ou qui allonge les pattes de mouton, lorsque la rythmique R.I.O. alterne avec le son flottant et étiré des cordes de guitare éthérées. Appelez ça freakish, surréaliste, ce qui est méta-esque devant ou -esque derrière. Albert-hofmannesque, par exemple, lorsque ‘Toigrandebrute’ s’envole avec une blague schwytzoise, prend des allures de prog et arrive pourtant délicatement en suspension. Ou cheshiresk, lorsque Melnotte tape finalement son ‘Gatogato’, l’accélère jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’un sifflement et disparaisse par-dessus les tintements rêveurs et les Ondes Martenot guitaristiques. [BA 102 rbd]

(traduit de l’allemand)

BAD ALCHEMY MAGAZINE n°102 (Allemagne)

 
 

OOGUI (prononcez ô-gu-i) signifie glouton en japonais, et fait allusion aux concours de gloutonnerie dont les vidéos pullulent sur internet, dévoilant un monde aussi improbable que dispensable. En voulant mieux, on peut aussi découvrir un univers musical autrement plus enthousiasmant, celui d’OOGUI, un électron libre de trio qui rebondit au-delà des frontières de la Suisse avec Travoltazuki, un premier album paru chez Leo Records.

Par une sorte d’humour taquin, ces trois enfants terribles cassent leurs jouets et démontent toutes les balises sur leur passage. Bien sûr, un électron libre peut tout se permettre. L’improvisation est sa nature première. Mais elle s’insère ici dans des compositions finement ciselées, et la part de hasard que recèle cette musique hybride n’en est que plus déroutante parce qu’inattendue.

On retient l’électrisant « La Baignoire de Claude », qui nous fait vivre les derniers instants d’un chanteur à paillettes comme si on y était. Parsemé de mélodies distordues qui semblent jaillir du cœur d’un volcan en éruption en éclaboussant un peu les alentours, Travoltazuki grouille de sons bidouillés, surprenants, intrigants, et invite à repenser la musique disco, notamment lorsque celle-ci est bâtie sur un tremblement de terre. Brillant.

par Raphaël Benoit // Publié le 10 juin 2019 – CITIZEN JAZZ

Ce trio suisse avec Florence Melnotte (piano, claviers et Kaossilator), Vinz Vonlanthen (guitare et chant), et Sylvain Fournier (batterie, percussions et chant), s’est donné le nom d’Oogui. Leur musique échappe à toute classification car dans la performance il y a de tout, même des clusters à la Cecil Taylor sur l’ouverture de Mupulupu, immédiatement suivis de sons électroniques et de voix pour distraire l’auditeur de ses habitudes musicales. Dans le mélange des sons, on trouve du disco des années 80, des improvisations, des compositions inhabituelles pour le type de structure proposé, bref, les trois travaillent au-delà des normes et des genres.

Il y a des morceaux longs, d’autres de quelques minutes, presque des aphorismes au milieu d’histoires à la trame plus vaste et plus complexe. Malgré tout, le disque est fascinant car on est toujours confronté à des moments inattendus, des solos de guitare acides et des tambours évanescents ou des rythmes texturés, comme sur Shitimogo, une composition de la claviériste. Night Fever est un morceau où la pianiste et Vonlanthen alternent dans des solos énergiques accompagnés par la batterie, tandis que Réminiscence Acid Dance Floor se déroule lentement, dans une atmosphère hallucinée, peut-être la faute à trop de substances prises sur la piste de danse du titre. Il se termine par Gatogato, sept minutes au cours desquelles on ne sait jamais très bien dans quelle direction les trois musiciens veulent aller, ce qui confirme l’hypothèse d’un disque inhabituel, mais qui, précisément pour cette raison, suscite l’intérêt de l’auditeur.

(Traduit de l’italien)

Vittorio de Music Zoom (2019 – Italie)